Conséquences politiques
La Seconde Guerre mondiale contribue, à travers son bilan plus ou moins préjudiciable aux participants, à l’émergence de deux superpuissances qui vont se partager le monde : les États-Unis (États-Unis) et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
La Société des Nations, à laquelle on impute d’avoir échoué à empêcher la guerre, est remplacée par l’Organisation des Nations unies dont la Charte est rédigée à San Francisco en .
L’Allemagne est soumise à plusieurs années d’occupation. En 1949, elle est séparée en deux États, désignés des noms d’Allemagne de l'Ouest (démocratie libérale, dans la zone occupée précédemment par les Américains, les Britanniques et les Français) et d’Allemagne de l'Est (régime communiste, dans la zone occupée par les Soviétiques). La réunification allemande n’aura lieu qu’en 1990.
L’Allemagne de l’Ouest et le Japon sont démilitarisés et démocratisés par les Occidentaux. Les principaux dignitaires de la hiérarchie nazie sont jugés, et la plupart condamnés pour crime contre l'humanité (une notion nouvelle, juridiquement définie à la suite des crimes nazis) ou pour crime de guerre lors d’un procès international à Nuremberg. Les chefs militaires japonais répondent de leurs exactions devant le tribunal international de Tokyo, mais l’empereur Hirohito et des criminels de guerre comme Shirō Ishii, ancien chef de l’unité 731, sont exempts de toute poursuite pour leur coopération avec les États-Unis. Un certain nombre d'ex-responsables nazis obtiennent aussi l’impunité grâce à des initiatives américaines comme l’opération Paperclip et retrouvent plus tard des postes de responsabilité.
En Europe centrale et en Europe de l'Est, zones investies en 1944-1945 par l’Armée rouge, les partis communistes locaux prennent le pouvoir entre 1945 et 1948 sous influence de l’Union soviétique. Dès mars 1946, Winston Churchill, qui, pour garder la Grèce dans le giron occidental, avait consenti à un partage de l’Europe en « zones d’influence » par l’accord de Moscou du , déclare qu’« un rideau de fer s’est abattu à travers le continent ». En Grèce, malgré l’absence de soutien de l’URSS aux communistes grecs, majoritaires dans la résistance locale, une guerre civile se prolonge jusqu’en 1949 et manque de faire basculer la Grèce dans le camp communiste, avant que le gouvernement monarchique ne remporte à grand-peine la victoire grâce au soutien du Royaume-Uni. En Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie,Roumanie, Bulgarie, Yougoslavie et Albanie, où les communistes étaient largement minoritaires, des régimes communistes sont mis en place : le bloc de l'Est se constitue en Europe, signant le début de la guerre froide. Seul le régime communiste de Tito, qui avait en Yougoslavie une certaine assise populaire, surtout chez les Serbes, prend en 1948 une position indépendante vis-à-vis de l’URSS.
La République de Chine de Tchang Kaï-chek est affaiblie par les années de guerre. La guerre civile chinoise, interrompue par l’agression japonaise, reprend dès 1946. En 1949, les nationalistes de Tchang Kaï-chek sont battus par les communistes, largement soutenus par l’URSS. Mao Zedong proclame sur le continent la République populaire de Chine, tandis que Tchang Kaï-chek se réfugie à Taïwan, rendue par les Japonais.
Les institutions d’avant-guerre ne perdurent que dans une minorité d’États européens et asiatiques. Toutes les monarchies d’Europe de l’Est sont abolies par la construction rapide des régimes communistes, qui balayent également les entreprises, le tissu syndical et associatif, et les libertés publiques de ces pays. Un referendum abolit la royauté en Italie (10 juin 1946) ; elle ne se maintient en Grèce qu’au prix d’une guerre civile, et en Belgique la « question royale » posée par l’attitude de Léopold III pendant la guerre, ne trouve de réponse qu’avec son abdication en (1951). Au Japon, les Américains maintiennent l’empereur Hirohito, pourtant constamment tenu informé des crimes commis par ses armées, mais imposent l’abolition du culte impérial qui le proclamait d’essence divine. En France, la IIIeRépublique, rendue responsable de la défaite, cède la place à une nouvelle constitution.
Partout à l’Ouest, les gouvernements s’engagent dans la construction du Welfare State ou État-Providence : nationalisations, planification, intervention de l’État, lois de protection sociale sont désormais à l’ordre du jour pour une trentaine d’années. Nationalisations, planification et intervention de l’État prennent des formes extrêmes à l’Est, où la sphère privée se réduit désormais aux seules familles et à leurs biens meubles.
La recherche scientifique et technique, dans l’ensemble, bénéficient d’une forte impulsion, en particulier pour la maîtrise de l’atome dans le projet Manhattan et la recherche sur les fusées qui permettra des programmes spatiaux. La guerre a aussi vu le premier usage massif des antibiotiques dont la pénicilline inventée par les Britanniques, ou encore du DDT, utile aux Américains dans les marais du Pacifique. Mais, pendant quarante ans, la guerre froide entre « zones d’influence » empêche les scientifiques de communiquer librement entre eux et draine de nombreuses ressources et technologies vers la sphère militaro-industrielle, au détriment du développement civil.